terça-feira, 3 de abril de 2018

Le Brésil sous le choc après l'assassinat de l'élue noire Marielle Franco

Le meurtre de cette conseillère municipale de Rio qui militait contre le racisme et la violence policière suscite une forte mobilisation.

Par L'Obs -  Publié le 17 mars 2018 à 15h02


Deux jours après l'assassinat de la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco, le Brésil était encore submergé par l'émotion et le sentiment de révolte face à ce crime apparemment commis avec des munitions provenant de stocks de la police.

L'indignation n'a pas faibli après l'assassinat de cette femme charismatique de 38 ans fortement engagée contre le racisme et la violence policière, criblée de balles à l'arrière de sa voiture. Marielle Franco était noire, lesbienne, issue des favelas, et elle avait critiqué la décision du président Michel Temer de déléguer à l'armée la sécurité des favelas.


Jeudi 15 mars, 50.000 personnes ont manifesté leur colère et leur chagrin dans les rues de Rio de Janeiro, quelque 30.000 à Sao Paulo et des milliers d'autres dans d'autres grandes villes du pays.

Vendredi dans le centre de Rio, des affichettes à l'effigie de Marielle Franco étaient placardées sur des lampadaires, tandis qu'en soirée, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant l'assemblée à Rio pour demander justice avant d'entamer une marche dans le centre-ville.

Les murs blancs du siège du conseil municipal, place Cinelandia, étaient tagués avec de nombreux slogans hostiles à la police et le gouvernement du président conservateur Michel Temer.

Des balles d'origine policière
TV Globo, la plus grande chaîne du pays, a révélé vendredi que les balles de calibre 9 mm qui ont tué la conseillère municipale et son chauffeur mercredi venaient d'un lot vendu à la police fédérale en 2006.

Plus troublant encore, une partie des balles utilisées dans l'assassinat de 17 personnes près de Sao Paulo en août 2015 provenaient de ce même stock. À l'époque, trois policiers militaires avaient été condamnés pour ce massacre.

La police fédérale a indiqué dans un communiqué qu'une enquête avait été ouverte "pour évaluer l'origine des munitions (...) retrouvées sur le lieu du crime".

En soirée, le ministre de la Sécurité, Raul Jungmann, a confirmé l'origine policère des balles utilisées, volées selon lui "des années plus tôt" à la police, dans l'Etat du Paraiba (nord), à plus de 2.000 km de Rio.

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En 2016, une commission parlementaire de l'Assemblée de Rio avait établi l'implication de policiers, gardiens de prison et militaires dans un réseau de trafic d'armes.

Pour Chico Alencar, député du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), formation de gauche avec laquelle Marielle Franco avait été élue, "si l'enquête est faite sérieusement, sans craindre de secouer les poches de corruption, de violence et de crime dans l'Etat, on peut élucider ce crime en deux semaines".

"Combien d'autres vont devoir mourir ?"
Tous les grands journaux brésiliens ont publié en une vendredi des photos de la foule immense massée la veille pour lui rendre un dernier hommage.

Les deux quotidiens de Rio, "O Globo" et "O Dia", ont cité la phrase "combien d'autres vont devoir mourir?", publiée par Marielle Franco mardi sur les réseaux sociaux, à la veille de sa propre mort.


Elle avait écrit ce message en réaction au décès d'un jeune tué par balles alors qu'il sortait d'une église, une possible bavure policière.

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Pour le journal "Estado de Sao Paulo", l'assassinat de Marielle Franco "a réveillé un géant endormi", avec une forte mobilisation transcendant les clivages politiques, qui tranche avec le faible succès des manifestations convoquées ces derniers mois par les mouvements contestataires.

Même la star du football Neymar s'est manifestée, publiant sur Instagram une photo en noir et blanc de la conseillère municipale accompagnée de ce message: "Ils ne vont pas nous faire taire".

"Ils ont tué ma mère et plus de 46.000 électeurs", a écrit jeudi soir la fille de la conseillère, Luyara Santos, âgée de 19 ans, sur Twitter, une allusion au nombre de voix recueillies par Marielle Franco aux municipales de 2016.

Rassemblements au Brésil et en Europe
Le PSOL a organisé une réunion publique sur une place du centre à la mi-journée. Un autre rassemblement était prévu en fin d'après-midi à Maré, une des favelas les plus dangereuses de Rio, où Marielle Franco a grandi - sa plus grande fierté.


Les hommages à ce symbole de la lutte des femmes noires brésiliennes contre tout type de discrimination étaient également prévus en dehors du Brésil, dans plusieurs villes d'Europe.

À Londres, les ONG The London Latinxs et Democracy Brazil-UK ont convoqué en fin d'après-midi un rassemblement qui a réuni une cinquantaine de personnes devant l'ambassade du Brésil. Une manifestation est également organisée à Paris ce samedi place de l'Opéra.

(Avec AFP)

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