sábado, 26 de janeiro de 2013

BRÉSIL : «AVOIR MA MAISON, C’ÉTAIT MON RÊVE»

Libé des solutions Une opération immobilière à l’échelle du Brésil permet à des familles pauvres d’être propriétaires. Un million ont pu acheter leur logement.
Dec. 2012. Par HÉLÈNE SEINGIER, AURÉLIEN FRANCISCO BARROS (Reporters d’espoirs)

Avant de recevoir son deux-pièces tout neuf dans le quartier Bairro Carioca, à Rio de Janeiro, Geisa habitait une baraque de planches et de briques dans une favela. «Des appartements comme ça, je n’y entrais que lorsque j’allais faire des ménages chez les autres», dit-elle, rayonnante, recevant dans son nouveau salon. Cette jeune grand-mère de famille nombreuse vend des cosmétiques au porte-à-porte. Comme les 1 000 familles du quartier, elle gagne moins de 1 600 réaux (600 euros) par mois. Pourtant, ces habitants sont officiellement propriétaires de leurs 43 m carrés. Un petit miracle rendu possible par le programme «Minha casa, minha vida» (Ma maison, ma vie), mis en place par le gouvernement Lula.


 
HLM. A l’origine, en 2009, Brasília voulait doper le secteur du BTP pour muscler l’économie du pays face à la crise. Ces maisons tombaient à pic pour combler (un peu) le déficit abyssal de logements. Le gouvernement y a installé des familles pauvres, à la façon de nos HLM, mais en leur proposant d’en devenir propriétaires.
Grâce à un fonds de garantie national, les familles qui gagnent entre 1 607 et 4 821 réaux par mois (600 et 1 800 euros) accèdent à des emprunts immobiliers que des banques ne leur auraient jamais consentis. Pour les plus pauvres, l’achat est même subventionné : les mensualités peuvent descendre jusqu’à 27 réaux par mois pendant dix ans. «C’est symbolique, ça les incite surtout à payer l’électricité ou les impôts, explique Marleide da Silva Nunes, assistante sociale. Lorsqu’ils vivaient dans des quartiers illégaux, ils ne recevaient pas ce genre de factures.»

Maisons champignons. La première version de «Minha casa, minha vida» manquait singulièrement de jugeote urbaine. L’Etat payait les travaux aux constructeurs privés mais leur laissait le choix de l’endroit. Les maisons champignons ont donc poussé loin de tout, là où le terrain était moins cher, et personne n’a pensé à construire des écoles ou des commerces à proximité. «C’est positif que le gouvernement se soucie enfin du logement, estime Adauto Cardoso, urbaniste à l’université fédérale de Rio. Mais si les quartiers ne sont pas insérés dans le tissu urbain, ils risquent de devenir à leur tour des favelas.» A Rio, par exemple, des lotissements excentrés sont tombés sous la coupe d’une milice. Il a fallu faire appel à la police militaire pour la déloger.

Malgré ses erreurs de jeunesse, le programme a connu un succès fabuleux : début décembre, 1 million de ménages avaient officiellement reçu les clés de leur nouveau chez-eux. La Présidente, Dilma Roussef, a promis 2,4 millions de logements supplémentaires d’ici 2014. «Cette fois, nous positionnons les lotissements près des centres urbains, décrit le ministre de la Ville, Aguinaldo Ribeiro. Les communes candidates doivent aussi fournir tous les équipements publics nécessaires.» Le Bairro Carioca possède en effet ses terrains de foot et son poste de santé. Des files de gamins en uniforme serpentent vers l’école toute neuve et des ouvriers s’activent dans le futur marché couvert, censé créer des emplois. Toute en chair et en sourires, Alessandra Cassiano da Silva dit avoir déjà trouvé des clientes pour ses manucures et des amateurs pour les beignets qu’elle confectionne. «Avoir ma maison, c’était mon rêve», déclare la jeune propriétaire en remerciant le ciel du regard. Son mari est pompiste de nuit, le métro tout proche lui fait gagner un temps fou pour se rendre au travail.

Solidité. «Minha casa…» est une fierté pour le ministre de la Ville : «Nous participons à la relance de l’économie, nous permettons à des familles pauvres de devenir propriétaires et nous créons de l’emploi pour des personnes peu qualifiées.» Sur les six premiers mois de 2012, le programme a permis d’embaucher 1,4 million de personnes et a contribué à 0,8% du PIB.

La visite d’un chantier à Frei Caneca, dans le centre de Rio, permet de comprendre le montage économique de cette gigantesque opération immobilière. En comparaison avec la favela São Carlos, colline débordante de frêles baraques aux couleurs pastel, le chantier a l’air trop rangé, les immeubles trop solides. Des dizaines d’ouvriers montent des murs en moules d’acier puis y injectent du béton ultrafluide. En vingt-quatre heures, les parois sont sèches et les moules servent à monter l’immeuble voisin. «Avec cette technique à la chaîne, nous construisons un immeuble de cinq étages en une semaine, explique le chef de chantier. Nous livrons donc les logements à un prix très bas : 62 938 réaux pièce.» C’est l’Etat brésilien qui paie l’entreprise de BTP, tandis que l’Etat fédéré de Rio fournit le terrain - celui de l’ancien pénitencier - et finance les égouts et l’adduction d’eau. «Des programmes comme celui-ci peuvent se mettre en place dans tous les pays où le secteur du BTP est structuré», assure l’urbaniste Adauto Cardoso.

Autogestion. La version communautaire de «Minha casa…» va plus loin : l’Etat verse l’argent aux associations de futurs habitants. «Les gens assument une partie du chantier et contractent avec des constructeurs pour faire le reste. Ça permet de contrôler les travaux au plus près», explique le chargé du programme au sein de la fédération des associations de droit au logement. Ces chantiers autogérés sont encore marginaux mais devraient faire école.
Site:
http://www.liberation.fr/monde/2012/12/23/bresil-avoir-ma-maison-c-etait-mon-reve_869686

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